Beauté, humeur et humour mélangés pour un savant mélange de Eau de Moi!
Comme tous les Français, j'ai suivi le siège de l'appartement dans lequel se terrait le forcené à Toulouse.
J'ai regardé les événements se dérouler à la télévision, le Raid pénétrer dans l'immeuble.
J'ai entendu en direct, sur mon écran, la fusillade au cours de laquelle plusieurs policiers ont été blessés, et le supect a trouvé la mort.
Et j'ai pleuré à l'annonce de la mort de Mohamed Merah.
Je n'ai pas pleuré sur la mort d'un terroriste, d'un homme dérangé coupable de meurtres abominables au nom de sa haine, bien sûr que non.
J'ai pleuré en pensant à sa mère. A cette mère issue de l'immigration, divorcée, qui a élevé seule et comme elle a pu ses cinq enfants.
Cette mère qui a elle aussi suivi, sur son poste de télévision, seule dans son petit appartement, le siège de l'appartement de son fils.
Cette mère qui s'est fait interpeller chez elle en pleine nuit, mise en garde à vue, et qui du fond d'un commissariat de police, a appris la mort de son enfant.
Je la connais cette mère. Pas personnellement, mais je l'ai souvent croisé dans ma classe, ou devant l'école.
Je l'ai vu baisser les yeux en écoutant ce que je lui expliquais sur la conduite de son fils, et pourquoi il avait été sanctionné.
Je lui ai souvent offert mon oreille attentive, l'une comme l'autre désarmée devant un garçon devenant imperméable à la raison, à la bonne conduite, aux menaces d'expulsion.
Elle est toujours restée digne, face aux critiques des autres parents ou professeurs, n'a jamais versé une larme, a tenu sa tête droite.
Mais je l'ai souvent vue aussi repartir les épaules voutées, le pas lent, mère démissionnaire par la force des choses; trop difficile, trop seule, trop vieille...
J'imagine sa peine en voyant son fils s'enfoncer dans la délinquance, passer de la plaisanterie à la violence, et condamner ses gestes et ses propos, mais ne pouvoir le détester, ne pouvoir lui en vouloir, en se rappelant cet enfant qu'elle a porté, désiré, et aimé de cet amour que toutes les mamans connaissent.
Ce lien indéfectible qui nous relie à l'être que nous avons porté, cet amour indestructible, quoi qu'il arrive.
Je me suis projetée dans l'avenir, en me demandant comment je vivrais le fait que mon fils se révèle être un monstre sanguinaire. Et je ne pense pas pouvoir jamais détester mon enfant.
Alors oui, j'ai pleuré sur la maman de Mohamed Merah. En me disant:
"Et si c'était moi?"